samedi 12 mai 2012

Après un long silence - Inspirante émergence printanière


Inspirante émergence printanière
par Danièle Laberge, herboriste traditionnelle

À la lumière des jonquilles
Ce qu’elle est inspirante, l’émergence, ce printemps! Chaque nouvelle apparition végétale, avec laquelle nous partageons un regard ému, semble nous présenter une facette de la vie, une facette de nous-mêmes que nous retrouvons avec une gratitude éperdue. On n’est jamais aussi vivant que lorsqu’on sait qu’on pourrait bien ne plus l’être. Cette phrase devrait être une pratique de chaque réveil, de chaque nouvelle journée, de chaque saison verte qu’on entame. Rien n’est plus fort que la vie, mais rien n’est aussi précaire que notre présence en ce corps, en cette vie. Vous savez comme moi qu’on vit souvent comme si on avait toute la vie devant soi, et on l’a. Mais sous quelle forme, ça on ne le sait pas.
Comment anticiper l’avenir du vivant? Librement. Car le vivant vit et change de forme et ne se laisse pas incarcérer ou cristalliser impunément. Nous devons croire à la révolution verte, la vraie, celle qui fait verdir la terre et non pas la tourner en poussière. Nous devons croire à la richesse pour tous, la vraie richesse dans la liberté. Les pays pauvres constituent les 3/4 de l’humanité, mais sont-ils vraiment les plus pauvres? Quelle pauvreté de tout avoir et de ne pas connaître la générosité, de tout savoir et de ne rien comprendre...
Il y a bien eu quelques surprises. Chaque printemps est une variation sur un thème. Heureusement que les plantes savent quand sortir au grand jour. Elles ne se laissent pas séduire par les quelques journées de grosse chaleur de mars, sentant que mai nous réserve encore des nuits glaciales et autres épreuves. Si elles sortent, elles demeurent basses, lovées tout contre la terre, prudentes. Il ne faut pas se décourager, ni tailler trop vite les vivaces qui ont l’air de n’avoir pas survécu. Il est encore tellement tôt. Il faut faire confiance à l’avenir et le laisser être à-venir.
Quand revient le printemps, la plupart d’entre nous explorons des hauts et des bas en
succession rapide, des angles aigus à négocier à chaque virement de cap, des émotions qui refluent et remuent tout sur leur passage... Des jours de peine et des jours de lumière, souvent sans que les circonstances extérieures ne puissent expliquer raisonnablement ni les uns ni les autres... Des moments où l’on a du mal à voir le bout des tunnels, où l’on en oublie presque les éclaircies, où la tâche semble trop lourde et où, comme le disait mon ami Pierre Domingue, la terre est franchement trop basse... Des jours de renouveau d’énergie, où les fleurs printanières nous font de l’œil, où les sourires de nos proches nous raniment, où l’espoir et la confiance en la vie nous réconcilient avec l’étape... Et avec nous-mêmes. C’est qu’en toute chose, il faut mettre tellement de conscience, presque plus qu’on en a en réserve. Les listes de choses à faire s’allongent irrémédiablement, beaucoup plus vite que les heures d’ensoleillement. Il faut s’organiser ou l’on est vite dépassé. Il faut s’allier le temps, sinon il se déguise rapidement en générateur d’empêchements. La nature nous indique ce qu’il est temps de faire et c’est incontestable. Seule la température peut en décider autrement. Tout est à faire en même temps, au printemps, dans nos climats nordiques. L’heure espérée où l’on pourra impunément paresser dans un hamac en écoutant pousser sagement un jardin impeccable et chanter des oiseaux qui ne croassent pas en jetant toutes les graines des mangeoires dans les plates-bandes qu’on vient de nettoyer, n’a pas encore sonné. Et sonnera-t-elle un jour, cette heure magique? Durera-t-elle plus longtemps que l’éclat d’une rose?
 Nous avons envie de faire peau neuve, de sentir l’élan bourgeonnant, de nous redonner un point de départ? Et pourquoi pas? Émuler la nature ne nous vient-il pas naturellement? Alors, offrons-nous une petite cure de printemps. Concoctons- nous des salades de pissenlit, d’oseille, de mauve et de violette. Savourons les petites feuilles de nos jeunes épinards, saupoudrés de ciboulette. Faisons-nous des tisanes de mélisse naissante, de feuilles de myrrhe odorante si semblables à de douces fougères, de pensée sauvage et de pousses de toutes sortes. Une bonne soupe à l’ortie nous reconstituera une volonté. Les asperges nous rapprocheront du règne minéral par leurs constituants, pas par leur consistance car elles sont tendres comme le petit vert qui s’accroche aux arbres comme un voile soyeux.
 Nous arriverons à la Saint-Jean en même temps que tout le monde et célébrerons ce joyeux festival malgré la fatigue et même, osons le dire, grâce à elle. Elle nous propulsera vers le plus haut, le plus grand, le plus vrai de notre potentiel d’humain en démarche. La graine ne peut pas retenir la substance qui, s’inspirant de sa mémoire vivifiée par l’hiver, lui offre les moyens de se réaliser et de monter vers la lumière. De tout notre être, nous aspirons à la douceur irrésistible d’un fugace été, toujours trop court pour l’explorer à satiété. L’été spirituel qui nous appelle est de bien plus loin et de bien plus conscient. En attendant, souhaitons-nous des brassées de fleurs, des joies simples et vraies, des feux d’artifices dans le cœur et des amitiés partagées.


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1 commentaire:

marie a dit...

Ah! Danièle quelle joie de vous lire. J'ai parcourue votre blog en long en large et en travers et je suis très touchée par ce qui fleurie en votre cœur, et en votre jardin. Vos photos sont émouvantes. Je rêve devant les feuilles de Myrrhe odorante.... dont vous parlez. J'ai la Mélisse qui est superbe après les bonnes pluie qui sont enfin venue.
Je vous salue en amitié Marie