Inspirante
émergence printanière
par
Danièle Laberge, herboriste traditionnelle
À la lumière des jonquilles |
Ce
qu’elle est inspirante, l’émergence, ce printemps! Chaque nouvelle apparition
végétale, avec laquelle nous partageons un regard ému, semble nous présenter
une facette de la vie, une facette de nous-mêmes que nous retrouvons avec une
gratitude éperdue. On n’est jamais aussi vivant que lorsqu’on sait qu’on
pourrait bien ne plus l’être. Cette phrase devrait être une pratique de chaque
réveil, de chaque nouvelle journée, de chaque saison verte qu’on entame. Rien
n’est plus fort que la vie, mais rien n’est aussi précaire que notre présence
en ce corps, en cette vie. Vous savez comme moi qu’on vit souvent comme si on
avait toute la vie devant soi, et on l’a. Mais sous quelle forme, ça on ne le
sait pas.
Comment
anticiper l’avenir du vivant? Librement. Car le vivant vit et change de forme
et ne se laisse pas incarcérer ou cristalliser impunément. Nous devons croire à
la révolution verte, la vraie, celle qui fait verdir la terre et non pas la
tourner en poussière. Nous devons croire à la richesse pour tous, la vraie
richesse dans la liberté. Les pays pauvres constituent les 3/4 de l’humanité,
mais sont-ils vraiment les plus pauvres? Quelle pauvreté de tout avoir et de ne
pas connaître la générosité, de tout savoir et de ne rien comprendre...
Il
y a bien eu quelques surprises. Chaque printemps est une variation sur un
thème. Heureusement que les plantes savent quand sortir au grand jour. Elles ne
se laissent pas séduire par les quelques journées de grosse chaleur de mars,
sentant que mai nous réserve encore des nuits glaciales et autres épreuves. Si
elles sortent, elles demeurent basses, lovées tout contre la terre, prudentes.
Il ne faut pas se décourager, ni tailler trop vite les vivaces qui ont l’air de
n’avoir pas survécu. Il est encore tellement tôt. Il faut faire confiance à
l’avenir et le laisser être à-venir.
Quand
revient le printemps, la plupart d’entre nous explorons des hauts et des bas
en
succession rapide, des angles aigus à négocier à chaque virement de cap, des
émotions qui refluent et remuent tout sur leur passage... Des jours de peine et
des jours de lumière, souvent sans que les circonstances extérieures ne
puissent expliquer raisonnablement ni les uns ni les autres... Des moments où
l’on a du mal à voir le bout des tunnels, où l’on en oublie presque les
éclaircies, où la tâche semble trop lourde et où, comme le disait mon ami
Pierre Domingue, la terre est franchement trop basse... Des jours de renouveau
d’énergie, où les fleurs printanières nous font de l’œil, où les sourires de
nos proches nous raniment, où l’espoir et la confiance en la vie nous
réconcilient avec l’étape... Et avec nous-mêmes. C’est qu’en toute chose, il
faut mettre tellement de conscience, presque plus qu’on en a en réserve. Les
listes de choses à faire s’allongent irrémédiablement, beaucoup plus vite que
les heures d’ensoleillement. Il faut s’organiser ou l’on est vite dépassé. Il
faut s’allier le temps, sinon il se déguise rapidement en générateur d’empêchements.
La nature nous indique ce qu’il est temps de faire et c’est incontestable.
Seule la température peut en décider autrement. Tout est à faire en même temps,
au printemps, dans nos climats nordiques. L’heure espérée où l’on pourra
impunément paresser dans un hamac en écoutant pousser sagement un jardin
impeccable et chanter des oiseaux qui ne croassent pas en jetant toutes les
graines des mangeoires dans les plates-bandes qu’on vient de nettoyer, n’a pas
encore sonné. Et sonnera-t-elle un jour, cette heure magique? Durera-t-elle
plus longtemps que l’éclat d’une rose?
Nous avons envie de faire peau neuve,
de sentir l’élan bourgeonnant, de nous redonner un point de départ? Et pourquoi
pas? Émuler la nature ne nous vient-il pas naturellement? Alors, offrons-nous
une petite cure de printemps. Concoctons- nous des salades de pissenlit,
d’oseille, de mauve et de violette. Savourons les petites feuilles de nos
jeunes épinards, saupoudrés de ciboulette. Faisons-nous des tisanes de mélisse
naissante, de feuilles de myrrhe odorante si semblables à de douces fougères,
de pensée sauvage et de pousses de toutes sortes. Une bonne soupe à l’ortie
nous reconstituera une volonté. Les asperges nous rapprocheront du règne minéral par leurs
constituants, pas par leur consistance car elles sont tendres comme le petit
vert qui s’accroche aux arbres comme un voile soyeux.
Nous arriverons à la
Saint-Jean en même temps que tout le monde et célébrerons ce joyeux festival
malgré la fatigue et même, osons le dire, grâce à elle. Elle nous propulsera
vers le plus haut, le plus grand, le plus vrai de notre potentiel d’humain en
démarche. La graine ne peut pas retenir la substance qui, s’inspirant de sa
mémoire vivifiée par l’hiver, lui offre les moyens de se réaliser et de monter
vers la lumière. De tout notre être, nous aspirons à la douceur irrésistible
d’un fugace été, toujours trop court pour l’explorer à satiété. L’été spirituel
qui nous appelle est de bien plus loin et de bien plus conscient. En attendant,
souhaitons-nous des brassées de fleurs, des joies simples et vraies, des feux
d’artifices dans le cœur et des amitiés partagées.
Vous pouvez m’envoyer vos courriels à danielelaberge@hotmail.com Si vous voulez être informés lorsque je mets des nouveaux textes ou change des éléments du blogue, laissez-le moi savoir soit par un commentaire sur le blogue (n'oubliez pas d'inclure votre adresse courriel dans le message.), en devenant membre du blogue ou par un courriel personnel et vous ferez partie de la liste pour ces envois.
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1 commentaire:
Ah! Danièle quelle joie de vous lire. J'ai parcourue votre blog en long en large et en travers et je suis très touchée par ce qui fleurie en votre cœur, et en votre jardin. Vos photos sont émouvantes. Je rêve devant les feuilles de Myrrhe odorante.... dont vous parlez. J'ai la Mélisse qui est superbe après les bonnes pluie qui sont enfin venue.
Je vous salue en amitié Marie
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