jeudi 28 avril 2011

Affirmation printanière

Un tapis instantané de chionodoxas 

Hier, nous avons eu la première vraie journée de printemps. Une journée à abandonner son manteau, à ouvrir portes et fenêtres, à sortir dehors pour un tout et pour un rien, une journée à voir verdir à vue d’œil la nouvelle vie. C’était merveilleux. En un instant, des tapis de fleurettes bleues, les charmant chionodoxas se sont déroulés. La glace de l’étang a sombré dans les profondeurs, ce joyeux évènement célébré allègrement par des concerts de grenouilles. Les oiseaux se sont mis à entonner des kyrielles de sons joyeux, la musique de l’eau dévalant le fossé du chemin s’est faite assourdissante. J’ai même vu le premier papillon de la saison siroter son nectar préféré. Le petit vert immatériel, celui d’avant le petit vert manifesté, a commencé à enrober les cimes des feuillus et l’air s’est rempli de parfums d’éveil et d’espoir. Les pétasites, qui depuis quelque temps déjà doublaient en taille quotidiennement, se gorgeaient immodérément de substance et leur ardeur encourageait les autres espèces à oser leur sortie tant espérée. Les hellébores ouvraient leurs boutons et révélaient leurs fleurs toutes vertes. Les premières fleurs de pulmonaires sont apparues et les soleils radieux des tussilages se sont mis à attirer les regards. La grande oseille s’est mise à mériter son adjectif et les valérianes rougissantes à annoncer ici et là leur intempestive présence. Je me sens renaître, en ce printemps de ma première saison verte sans l’Armoire aux Herbes. Je me donne le temps de la pause fructueuse, sans projets, sans plans, si ce n’est de ressentir librement ma propre vie. Avec les années et de plus en plus, je me sens responsable de ma destinée et de celle de la planète dont je suis. Je suis consciente du fait que la terre nous a donné vie et nous éveille maintenant de plus en plus à l’unité qui fut, est et sera, mais qu’il a bien fallu oublier un peu pour découvrir notre Moi et la liberté qui en est le fruit. La matière qui m’entoure est un monde animé. L’évidence du sacré m’apparaît. Cette mise en scène me subjugue. Le monde spirituel m’a donné naissance, comme à tout ce qui est. Je suis avec le reste du monde en état de concordance et de fraternité absolue. Ceci m’aide à me connaître, dans mes forces comme dans mes faiblesses. Je ne suis pas sans le reste de moi qui m’entoure et m’enrobe. « Admirer la beauté d’une pierre, d’une fleur ou d’un oiseau, n’est rien d’autre qu’y retrouver avec joie la présence déployée d’un ordre unique qui nous régit ensemble. » (Roger Caillois) Je suis responsable de la continuité. Cette continuité dépend de la conscience que j’accepte de porter et d’appliquer à tous les domaines de ma vie. Nous sommes la terre qui devient consciente d’elle-même. Comme je lisais dernièrement : « La terre fut une masse de feu et de lave. Maintenant, elle chante l’opéra… » Et demain? Elle célèbrera le printemps de la Nouvelle Terre. Et nous en serons! Et nous en sommes!


Vous pouvez m’envoyer des courriels à danielelaberge@hotmail.com  

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